Notes du quotidien

Vous trouverez ici des notes de chevets, des poèmes de téléphones, des photos de bouquets de fleurs, des bords de routes, des questions et des pensées sur cette vie d’artiste, sur la transidentité, sur la cuisine, sur le corps, le soleil et les saisons.

30 mai 2022

J’ai traversé le département direction sud Cantal : ma première fête en non mixité queer. Sur le moment j’ai pas réalisé que j’étais ému, que ce lieu et cette ambiance me redonnait goût à des choses de mes vies passées. Le faire ensemble, le collectif, la fête. Mais, sans la naïveté, l’excitation juvénile de la nouveauté ou la recherche de fusionner quelque part comme seul moyen d’exister.

 

Je croyais que c’était mort. Je croyais que c’était mort dedans, au fond du fond de mon ventre, évaporé, disparu, absolument fini, plus jamais. Je croyais que c’était mort l’envie de faire ensemble, de porter avec les autres. Je croyais que c’était mort et je regarde dans mon ventre et je vois bien que c’est vivant, que ça reprend un petit souffle, je sens que ça bat doucement, un petit peu, très doux, minime encore mais ça bat alors que je croyais que c’était mort.

Ça m’étourdit parce que je croyais que c’était mort et me voilà à regarder dans le fond de mon ventre cette envie microscopique de faire ensemble, de vivre ensemble, de construire à plusieurs, moi qui croyais que c’était mort. Je glisse ma main dans le fond de mon cœur et râcle. Sous mes ongles des résidus de reprenne-vie moi qui croyais que c’était mort. Je regarde ces petites paillettes, cette poudre qui brille sortie de mon cœur, du fond de mon ventre, grattée dans le gorge et puis je pleure, je frotte mes doigts et je les lèche pour que je digère ce que je croyais être mort et qui ne l’est pas et que dans le fond de mon ventre et de mon cœur ça puisse grandir. J’ai peur ; un peu peur, parce que je ne supporterai pas un autre deuil mais je suis quand même émerveillé, estomaqué de voir que ce que je croyais mort est revenu à la vie.

28 avril 2022

Il y a quelques jours je me suis baladé sur mon vieux Tumblr d’adolescent. J’ai souri en voyant que mes projets artistiques avaient gardé la même empreinte. Le magique, les costumes, les rituels imaginés, les alters ego. Mon moi de 16 ans ne savait pas qu’il était trans, queer, non-binaire… J’ai beaucoup de tendresse pour cet·te adolescent·e qui cherchait ses icônes et références là où iel pouvait. Dix ans plus tard, je fais toujours des costumes.