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Projet du diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) à l’ENSA Limoges – juin 2019

DNSEP en FEU et en FÊTE

C’est le mois d’octobre, c’est ma dernière année en école d’art. Je fais école buissonnière le temps d’une grande fête avec des feux d’artifices à la campagne. Sur le mur d’un hôtel abandonné on peut y lire : « On a mal mais on a pas peur ». Je capte ce graffiti avec la caméra. Il deviendra par la suite le slogan de mon année, l’incantation brûlante d’un diplôme festif.

PAS PEUR

Pas peur d’envoyer balader la patriarcat, de s’assumer sorcière, magicienne, forte et puissante. Pas peur de transformer son diplôme. Le DNSEP ne devient qu’une excuse à la fête. Ce n’est pas un diplôme, c’est un parcours, un ensemble, un rite, une déambulation, un événement collectif en feu et en fête. Le stand de dons de crêpes est activé, le tambour à limonade rempli, les masques de sorcières sont portés et les yeux luisent entre les fentes. La grande banderole FAITES PAS CHIER sera déployée pour lutter contre le patriarcat et l’étendard arbore avec panache que « La vie c’est super ». L’appel à participation au diplôme, envoyé deux mois plus tôt à l’ensemble des étudiant·es de l’école a ramené du monde. Chaque outil est prêt, bien installé, le four à pizza est brûlant, et les boîtes sur lesquelles on peut lire « résister avec amour » sont empilées à côté de la table à pizza faite sur mesure.  L’odeur des crêpes chaudes envahit doucement les grands espaces de l’école. Sur les affiches sérigraphies, des arcs-en-ciel sans pluie nous promettent des jours meilleurs durant lesquels les ZAD deviendraient des zones à investir. Je me suis entrainée pendant des mois à chanter avec mon petit piano venu des poubelles :

Art contemporain c’est pour toi que je me lève le matin

Art contemporain je ne regrette rien

Art contemporain accueille-moi en ton sein

Art contemporain sans toi je ne suis rien

Pas peur, le diplôme est lancé. La problématique de mon mémoire : « Comment réenchanter le monde ? » flotte au dessus de nos têtes. En ayant pleinement conscience de la société dans laquelle j’évolue en tant qu’artiste, je conçois ce rôle comme celui d’un·e acteur ou actrice qui prendra part au réenchantement du monde. Transformer le diplôme est une première étape à la lutte, et l’objectif de toute une vie; réenchanter le monde.